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Souffrance au travail : une étude jette un pavé dans la mare


Samotrace, un réseau de médecins du travail, vient de publier une enquête sur le mal-être au travail des salariés dans la revue Santé et stratégies de janvier. Pour la première fois, elle couvre un large éventail de professions.

Capucine Cousin | LEntreprise.com | Mis en ligne le 13/01/2009

 
Le rôle-clé des médecins du travail et des inspecteurs du travail

Le médecin du travail veille à la santé et la sécurité des salariés au travail. D'où le rôle de vigie qu'il a été amené à jouer, de plus en plus souvent, au sein des entreprises pointées pour le stress maladif de leurs salariés. Il peut être salarié de l'entreprise, ou appartenir à un service interentreprises de santé au travail.

L'inspecteur du travail, pour sa part, dépend de la Direction Départementale du Travail, de l'Emploi et de la Formation Professionnelle (DDTEFP), et doit veiller à l'application du Code du Travail, et prévenir les licenciements économiques et limiter leurs conséquences sociales.

Or, des ambiguïtés demeurent, alors que l'inspecteur du travail peut valider ou invalider l'avis du médecin du travail pour déclarer un salarié inapte. Ce que pointait un rapport de 2007 (disponible en format PDF ) sur l'inaptitude physique au travail. Car aujourd'hui, l'inspecteur du travail peut imposer son avis face à celui d'un médecin du travail. Une absurdité, face à laquelle l'auteur du rapport, Hervé Gosselin, conseiller à la chambre sociale de la Cour de Cassation, demandait une réforme.

D'ailleurs, un arrêt de la Cour de Cassation du 26 novembre 2008 remet en lumière le responsabilités respectives de la médecine du travail et de l'Inspection du travail concernant l'inaptitude à l'emploi. Mais la question est loin d'être tranchée.

La souffrance au travail touche les salariés de tous les secteurs. Longtemps taboue, la question snsible du mal-être des salariés au travail est reconnue, peu à peu, comme un problème de santé publique à part entière. En novembre 2008, syndicats et patronat signaient un accord sur le stress au travail.

Une étude très approfondie sur le sujet jette un nouveau pavé dans la mare. Dévoilée par la revue Santé et stratégies dans son édition de janvier, et relayée par Le Monde, cette vaste enquête sur les risques psychosociaux au travail couvre, pour la première fois, un large éventail de professions. Pour cela, de janvier 2006 à mars 2008, 6 050 salariés des régions centre, Poitou-Charente et des Pays de la Loire ont répondu à quelques dizaines de questions. L'enquête est aussi actuellement en cours dans le Rhône et dans l'Isère.

Cette étude épidémiologique inédite sur les risques psychosociaux au travail repose sur Samotrace (Santé Mentale Observatoire Travail), un réseau de médecins du travail volontaires. Leur objectif : à terme, la mise en place d'un système de surveillance de la santé mentale en lien avec le travail au niveau national.

Premier constat de cette étude : es salariés de tous les secteurs sont touchés par la souffrance au travail. Certains secteurs étaient connus depuis longtemps pour leur pénibilité physique (construction, industrie…). D'autres concentrent une part élevée de salariés manifestant des symptômes « dépressifs ou anxieux » : la fourniture d'énergie, les banques, mais aussi les activités financières, l'administration publique, et les services collectifs.

Autre enseignement, de taille, la souffrance mentale au travail affecte plus nettement les femmes que les hommes : 37% des femmes contre 24% pour les hommes. Cet écart est d'autant plus manifeste par secteurs : près d'un tiers des hommes sondés déclarent leur mal-être au travail dans des secteurs la production et la distribution d'électricité, de gaz et d'eau, l'administration publique, et les activités financières. Dans ces mêmes secteurs, plus de 40% des femmes salariées sont affectées par le malaise au travail. Cela concerne également en moyenne 35% des salariées sondées (conte en moyenne 20% des hommes) dans l'industrie manufacturière, les transports et la communication, le commerce, les réparations automobiles et d'articles domestiques, l'immobilier, la location et les services aux entreprises, la santé et l'action sociale, ainsi que la construction. Quelles formes revêt ce malaise au travail ? 5% des salariées sondées déclarent avoir subi des violences physiques (contre 3,2% des hommes), et un peu plus de 16% ont connu des humiliations ou des menaces, contre 11,6% des hommes sondés. Autre phénomène qui découle de ce malaise au travail, l'alcoolisme, essentiellement masculin. Il est surtout présent dans le secteur de la finance (16,4% des salariés sondés), ainsi que les services collectifs, sociaux et personnels (17%).



14/01/2009
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