PsyTolyon

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Psychologie

Psychologie du travail, psychologie sociale, psychologie clinique


Comprendre le discours anti-chômeurs



D'après le site Actuchomage



Renaud TARLET nous explique comment, en situation de crise, la rationalité humaine, son besoin de cohérence et la pensée conformiste qui libère de l'angoisse aboutissent aux raisonnements les plus aberrants, imbéciles et dangereux qui soient.


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Je suis doctorant en sociologie et j'avais réalisé mes premiers travaux (en maîtrise) sur le traitement des chômeurs.
J'aimerais apporter un éclairage anthropologique sur l'étrange réussite du discours persécuteur de la «droite décomplexée». En effet, il est facile de s'informer pour savoir que les chiffres du chômage sont honteusement truqués, que vraisemblablement plus de 6 millions de personnes au moins sont concernées par le sous-emploi et la précarité en France à l'heure actuelle, soit au minimum le quart de la population active.

Du coup, expliquer cet état de choses par des tares individuelles - certains ne veulent pas travailler - semble complètement aberrant et imbécile. Comment cela peut-il marcher, comment des ficelles aussi énormes peuvent-elles fonctionner ?

L'opposition de deux rationalités

Je dirais que l'être humain «fonctionne» autour de deux grands modes de rationalité, qui sont profondément étrangers l'un à l'autre. Le premier mode, c'est celui de la «rationalité de la raison». C'est celui qui nous fait comprendre que, lorsque des millions de personnes sont touchées par le chômage ou le sous-emploi, cela ne peut être dû à des causes individuelles.

Mais nous «fonctionnons» aussi autour d'une autre rationalité, rationalité de crise et de protection contre la souffrance : la «rationalité fantasmatique». Cette rationalité s'éloigne de la rationalité de la raison car elle n'a pas le même objet. La rationalité fantasmatique a pour but de trouver coûte que coûte du sens pour la personne en crise.

Prenons l'exemple du chômage. Vous êtes un salarié moyen, vous bossez dur et vous voyez votre voisin, dont la situation est jumelle de la vôtre, se faire licencier et ne pas retrouver de travail. Si vous vous dîtes : «Il est comme moi, ça pourrait m'arriver aussi», vous vous retrouvez sans défense devant la réalité, face à une situation contre laquelle vous ne pouvez rien faire. Cette impuissance face au danger est extrêmement angoissante.

C'est pourquoi beaucoup d'individus dans cette situation auront tendance à accepter un discours leur expliquant que ceux qui tombent au chômage l'ont bien cherché. Voilà une explication qui protège, même si ce n'est qu'imaginaire, fantasmatique. Si je me dis «celui qui me ressemble tant est au chômage car il l'a cherché», je regagne un pouvoir imaginaire sur ce qui m'arrive. Si je travaille bien, tout ira bien. Ça me laisse «quelque chose à faire» face à la fatalité.

Ce type de rationalité se retrouve aussi chez les chômeurs eux-mêmes. Je citerai l'exemple d'une chômeuse à qui je demande, en entretien : «Et si quelqu'un vous prouvait que le chômage est un phénomène collectif et que vous n'y êtes pour rien, qu'en penseriez vous ?» Elle de me répondre : «Alors là, ça serait une catastrophe. Si je ne suis pas coupable, alors ça veut dire que je peux rien y faire». Nous avons ici un parfait exemple de rationalité fantasmatique. Le raisonnement de cette personne est parfaitement logique, implacable, même. Si elle accepte de se sentir responsable de sa situation, alors elle peut croire pouvoir faire quelque chose. Malheureusement, il reste un décalage entre le fantasme, le souhait, et la réalité. Assumer cette pseudo-culpabilité n'aidera en rien cette personne à retrouver un emploi.

L'irruption du bouc émissaire

Sur le plan collectif, les raisonnements obéissent bien souvent aux mêmes nécessités fantasmatiques. L'être humain a avant tout besoin de sens, particulièrement dans les situations d'incertitude ou de crise. Il existe toujours un décalage entre nos représentations du monde et la réalité de ce monde. Le monde ne nous obéit pas, il nous surprend, nous blesse et nous déçoit. Or le moyen le plus économique de régler ce décalage anxiogène est ce que l'anthropologue René Girard appelle le «bouc émissaire».

Comment cela se déroule-t-il ? Prenons l'exemple du chômage. Des millions de personnes sont structurées sur la «valeur travail» et sur la conviction que, «quand on travaille, on est récompensé». Or, la réalité contredit ce postulat. Des millions de personnes sont poussées dans le chômage ou le sous-emploi.

La «rationalité de la raison» nous pousse à admettre que notre système social échoue à assurer un travail pour tous alors qu'il fait de ce travail la pierre angulaire de l'identité sociale. Il semble donc évident que notre société doit réformer sa représentation du travail, améliorer les solidarités avec les victimes du sous-emploi, réfléchir à un partage du travail, par exemple. Mais pour penser tout cela, il faut comprendre la situation globale, avoir le recul nécessaire pour comprendre que la situation est collective, avoir la culture de lutte collective qui permette d'espérer un changement social.

A défaut de ces «ressources», l'explication la plus simple, la plus rassurante est la suivante : «Il y a du boulot pour tout le monde, ceux qui sont au chômage l'ont bien cherché». Tant qu'on n'est pas touché par le phénomène, cette explication rassure. De plus, l'exemple de la chômeuse que je cite montre que, même pour les victimes du phénomène, l'acceptation de ce discours offre une explication à leur situation.

Le problème social qui cause l'angoisse est assigné à des «boucs émissaires». Ce chômage si inquiétant et qui laisse sans défense, il est en fait la conséquence d'une minorité déviante, bien identifiable. Les premiers, pour continuer avec l'exemple du chômage, à avoir compris la puissance de ce type de discours sont bien entendu les Nazis. «Trois millions de juifs, trois millions de chômeurs, la solution est simple», disait Hitler. Pour l'Allemand désespéré des années 30, le monde reprenait sens. La fatalité qui l'avait poussé à la ruine portait à présent un visage, celui du Juif qui complotait dans les caves à la destruction de la civilisation. La rhétorique actuelle du chômage est cousine de la rhétorique nazie, sans nul doute possible : elle se base sur les mêmes prémisses, mais au lieu de désigner les juifs, elle désigne les «fainéants» (ce que les Nazis faisaient aussi, les camps de concentration étant censés «rééduquer au travail»).

Une fois des coupables désignés (fussent-ils imaginaires, la rationalité fantasmatique ne s'en soucie guère), le monde redevient enfin cohérent, car c'est bien la cohérence que les individus en crise recherchent à tout prix. Ce phénomène peut être observé au quotidien. Combien de fois avons-nous fait un faux mouvement qui nous a fait nous cogner, par exemple dans une porte, avant de crier spontanément : «saleté de porte» ? Face à la surprise de la douleur, le fait de fantasmatiquement doter la porte d'intention mauvaises et de pouvoirs néfastes nous permet d'accepter la situation. Parfois, nous croyons tellement à notre fiction que nous donnons un coup de pied vengeur dans ladite porte, ce qui défoule. Le comportement des personnes en crise qui accusent les chômeurs n'est pas foncièrement différent.

La réconfortante pensée conformiste

Notons que la chômeuse que j'ai interviewée elle-même expliquait sa situation par «quelque chose» en elle qui posait problème. Elle se construisait, à l'intérieur d'elle-même, son propre bouc émissaire. Tout cela pour montrer à quel point soupçonner le machiavélisme de ceux qui croient en ce type de discours est naïf et inexact.

En fait, l'esprit humain bascule, quand il est face à des phénomènes angoissants qu'il ne peut expliquer, vers ce que j'appellerai la «pensée conformiste». Pensée conformiste, car elle veut que le monde soit conforme à ce qu'elle prétend, et elle y arrive par des dispositifs rhétoriques stéréotypés qui sont, à ma connaissance, au nombre de trois. Ces dispositifs permettent de tout expliquer à peu de frais.

Dispositif un, le sophisme. Un postulat (A) s'appuie sur un postulat (B), qui lui-même s'appuie sur le postulat (A). Exemple : quand on cherche vraiment du travail (A), on en trouve (B), et on en trouve (B) quand on en a vraiment cherché (A). Si on ne trouve pas, c'est qu'on n'a pas bien cherché, le raisonnement est imparable...
Ce type de raisonnement se retrouve dans tous les proverbes ou maximes conformistes : Quand on veut (A), on peut (B); on n'a (A) que ce qu'on mérite (B)...

Dispositif deux, la fausse dialectique. Derrière ces grands mots se cache un type de raisonnement assez simple. Reprenons l'exemple du chômage. On postule que, quand on cherche vraiment du travail, on en trouve. Or, la réalité contredit régulièrement ce postulat. La fausse dialectique va régler cette contradiction en expliquant que si ce qu'elle prédit ne se produit pas, c'est qu'on n'a pas encore assez appliqué sa logique. Ici, par exemple, la fausse dialectique consistera à prétendre que, si on n'a pas encore trouvé de travail, c'est qu'on n'a pas encore assez bien cherché. Du coup, toute contradiction entre ce discours et la réalité est facilement explicable.
Autre exemple de fausse dialectique, le discours de répression de la délinquance : on punit plus, et pourtant, il y a des récidivistes (donc des gens que la punition n'a pas amendés, ce qui prouve l'échec de la répression). Qu'à cela ne tienne : si des gens récidivent encore, ce n'est pas que la logique punitive n'est pas efficace, c'est qu'elle n'est pas encore assez appliquée, sinon, elle marcherait. Là encore, ce discours résout d'office toutes les contradictions, il a toujours raison.

Dispositif trois, la désignation d'un bouc émissaire. Le phénomène problématique s'explique par la nature malfaisante de certains ennemis du corps social. Certains sont chômeurs car ils sont «fainéants» ou «inemployables». D'ailleurs, ces gens sont des «fraudeurs» voire, d'après une banderole à succès qui, sur ce point précis n'a provoqué aucune réaction, des pédophiles. La vraisemblance de l'accusation n'a aucune importance.
La délinquance est due aux «multi-récidivistes». Ces gens ne sont pas problématiques en tant que coupables d'un crime. Ils sont naturellement dangereux, et le crime n'est que la manifestation de leur nature problématique. C'est tout à fait le postulat de la loi Dati sur la «rétention de sûreté» qui permet d'enfermer des personnes une fois leur peine purgée. Cette «philosophie» de la peine rompt clairement avec la conception de l'Etat de droit, qui veut qu'on juge un coupable d'après son acte et non d'après son être. La «rétention de sûreté» n'est pas une invention de Rachida Dati, c'était une des pierres angulaires de la machine de répression nazie (les internés dans les camps de concentration l'étaient pour «raisons de sûreté»). Mais tout cela n'est pas inquiétant, bien entendu.

Avec ces trois dispositifs, aisément repérables, la pensée conformiste a réponse à tout. C'est précisément son objet : la cohérence absolue dans un monde incertain et angoissant.

Le défi humaniste

Pour se débarrasser de cette pensée infernale, il n'y a pas d'autre choix que de proposer sans relâche des explications alternatives, avec patience (car les esprits conformistes sont avant tout en crise) et avec beaucoup d'espoir, car ces satanés discours sont incroyablement cohérents et impossibles à contredire.

C'est ça, le défi qui nous est posé, à nous autres humanistes, depuis Hitler : réussir à convaincre des gens de se débarrasser de cette pensée dangereuse. Mais cela ne peut se faire avec des leçons de morale. On ne soigne pas un paranoïaque en l'accusant d'être paranoïaque. Nous sommes mis en demeure, pour citer approximativement Lautréamont, d'«enseigner la vertu, plutôt que de punir le vice».

Renaud TARLET

... dont le précieux commentaire d'article (Haro sur les chômeurs) a été emprunté à Plume de Presse, le blog de notre ami Olivier Bonnet.


16/02/2009
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Qui dupe qui ? Comportements différents bureau/ maison ?


Enquête européenne « Qui dupe qui »




Enquetes RH
Par stephan1104 le Dimanche 08 février 2009 @ 21:23:26


Comment les employés changent de comportement au travail  Impact de la désirabilité sociale sur le lieu de travail

02 février 2009, 50% des employés européens avouent adopter un comportement différent au travail et dans la vie privée, c'est ce que révèle l'étude réalisée par OPP, leader international des questionnaires psychométriques. A travers 6 pays d'Europe, l'étude dévoile que nous sommes tous plus ou moins des «caméléons de bureau ». Si ce changement de personnalité n'est en soi ni bon ni mauvais, l'étude révèle que mal approprié, il peut être source importante de stress, contre productif pour l'entreprise et le salarié.

Belgique, Danemark, Allemagne, France, Irlande, Pays-Bas et Royaume-Uni, ce sont les 6 pays européens dans lesquels OPP a mené ses recherches sur l'impact de la désirabilité sociale sur le lieu de travail « Cette enquête a été menée pour étudier les manières dont les gens changent ou modifient délibérément la façon dont ils donnent à voir leur personnalité au travail. On appelle cela la désirabilité sociale : il s'agit du processus par lequel chacun tente de contrôler l'image qu'il dégage » explique Antony Erb, Directeur d'OPP France.
50 % de « caméléons de bureau » !
Selon l'étude OPP, la moitié (50%) des employés à temps plein - 45 millions de travailleurs à travers le continent - dit avoir un comportement différent dans la vie privée de celui adopté au travail.
A travers plusieurs items, l'étude révèle pourquoi les salariés tentent de modifier leur personnalité, que l'humour est un des traits qui est le plus gommé au travail quand l'esprit de coopération tient le haut du pavé, qu'une des raisons majeures restel'évitement du conflit, que si un tiers des candidats disent changer de personnalité lors de l'entretien d'embauche, quatre salariés sur 10 ont une image différente de leur manager de celle qu'ils s'en faisaient pendant cet entretien
.
Le conformisme dans l'entreprise source de contre-productivité.
L'étude montre de manière significative, que ce comportement de caméléon nuit à l'engagement personnel et contrarie les potentiels. Plus d'un tiers (35%) des employés trouvent qu'il est éprouvant de changer sa personnalité en fonction des situations, tandis qu'environ trois sur dix (28%) trouvent stressant d'afficher un « faux visage ». « L'un de nos objectifs était de déterminer l'impact de ce processus sur les personnes et les organisations, et de savoir si certaines attentes des employeurs s'avèrent, en réalité, contre-productives pour l'optimisation des performances. » rajoute Antony Erb. Et pour approfondir l'enquête, une rubrique « le regard du psychologue » permet de mieux comprendre la portée des résultats.
L'étude OPP propose pour chaque pays une fiche descriptive puisque chacun possède ses propres comportements et qu'il existe des différences entre eux, ainsi pour les français, jouer un rôle ne pose pas de problème quand les néerlandais eux privilégient la transparence et les britanniques sont les champions toutes catégories du changement de personnalité entre le travail et la vie privée.
 « On peut dire finalement que révéler le potentiel humain c'est révéler le meilleur de soi et non se comporter de telle manière parce qu'on nous l'a imposé » conclut Antony Erb.
*Etude réalisée fin 2007




15/02/2009
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Formation et Psychanalyse

Tribune
publié le 13/11/2008
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Que diable la psychanalyse allait-elle faire en formation ? Par Stéphane Diebold


Que diable la psychanalyse allait-elle faire en formation ? Par Stéphane Diebold

La psychanalyse est une discipline fondée par Sigmund Freud qui propose une méthode d'investigation de l'inconscient avec des concepts comme le transfert, la pulsion, l'affect, les représentations... Comment relier cette connaissance à la formation ? Si la psychanalyse aborde l'affect, on peut remarquer qu'Edgard Morin appelle de ses vœux la constitution d'une « formation affective ». S'agit-il d'un simple effet de style ou de réintroduire l'homme avec toutes ses dimensions dans la démarche formative ? Dans le second cas, la psychanalyse a toute sa place pour peu que l'on s'y intéresse de plus prêt.

Le premier apport de la psychanalyse est, qu'avec l'inconscient, une formation n'est pas qu'une formation, il existe bien d'autres dimensions. Sans être trop réducteur, on peut présenter ce que la psychanalyse peut apporter en reprenant les étapes de la constitution de la psyché humaine.

La dimension corporelle de l'homme, sa corporéité, interroge la formation sur la compréhension du monde qui entoure l'apprenant. Comme on pense le monde on le vit. Cette dimension touche des domaines comme l'autonomie du sujet par rapport à son environnement mais aussi sa curiosité à comprendre le monde au sens étymologique. La formation est une façon de mettre en forme son environnement soit avec un ordre établit, le monde est ainsi fait, soit avec un ordre dont on découvre qu'il n'est qu'un point de vue. La formation devient alors le passage du point de vue à la vue du point. La formation affective devient un outil pour déjouer les pièges hypnotiques de l'entreprise. Comment ? Par exemple une association comme « art in fine » permet aux apprenants de construire un film sur eux-mêmes en comprenant que finalement le film a ses raisons propre avec le choix des prises de vue, du cadrage, du mouvement, de la musique,... Le travail sur la médiatisation nous fait comprendre la différence entre le contenu et le contenant et ainsi construire une capacité d'abstraction propre à chaque individu.

La dimension narcissique interroge la formation sur la vision ou la personnalité de l'apprenant avec par exemple le fameux test du miroir. L'autohypnose peut permettre à certains apprenants de se draper d'une identité narcissique particulière comme l'expert, le leader, le patron... Le travail peut permettre à l'apprenant d'enfiler un des uniformes de l'entreprise mais cela peut aller beaucoup plus loin, et devenir une démarche qui permette à l'individu d'accepter ses propres failles, de les accueillir et de se construire une identité qui lui ressemble. Dans le cas de notre association qui travaille sur l'insertion, la dimension narcissique permet aux apprenants de s'interroger sur la cohérence entre la vision que l'on propose et celle que l'entreprise attend, et ainsi, d'ouvrir la porte aux interrogations narcissiques. La formation peut devenir un outil de développement personnel.

La dimension groupale interroge la formation sur la relation au collectif, vivre ensemble. Si l'on reprend la démarche de Sigmund Freud, l'émotion est rattachée au désir sexuel et que trop d'émotion développe une excitation qui déstabilise le sujet. Ce dérangement conduit le sujet à chercher de nouveaux repaires, et, soit la formation construit un mode d'emploi, soit l'individu se retourne naturellement vers le groupe avec les mécanismes du groupe comme par exemple la reconnaissance des leaderships traditionnels, la ligne hiérarchique. Le spectacle formatif réussi peut utiliser l'affecte pour construire la cohérence d'équipe. Dans notre exemple, l'excitation de faire son cinéma, ouvre des portes aux besoins du collectif.

La psychanalyse est particulièrement intéressante pour traiter la dimension affective de la formation et sortir de la fameuse boîte noire de l'apprenant. Elle peut permettre à chacun d'apprendre dans sa propre histoire. La formation deviendrait alors un lieu d'expériences qui nous construit, elle deviendrait donc initiatique pour que l'individu apprenne à vivre en harmonie entre son identité et les impératifs de son environnement. Finalement la psychanalyse formative ne serait elle pas le maillon manquant pour construire ce que certains appellent l'entreprise apprenante, l'apprendre ensemble ?

A propos de l'auteur :
Stéphane Diebold
est un spécialiste de la formation et du management, avec 15 ans d'expériences dans la direction de la formation initiale (écoles supérieures de commerce) et la formation continue (Midas France, Groupe Galerie Lafayette). Il a mis son expérience au service de l'innovation pédagogique et de la performance en entreprise, en France et à l'étranger, au sein de l'Institut Avicenne dont il est le fondateur.


14/11/2008
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Décrypter les résultats d'un test de personnalité pour les non psys...


D'après Focus RH


Par David Bernard

Que vous soyez RH ou manager opérationnel, il y a fort à parier que dans le cadre de votre pratique, vous soyez amené à voir passer (et à avoir un avis sur) les résultats de tests de personnalité concernant les candidats ou collaborateurs de la boite (ou tout au moins de votre équipe...). Le « hic », c'est que dans certains cas vous n'aurez pas été formé à la lecture des résultats du test employé !

Il peut s'agir des rapports d'évaluation que « votre » cabinet de recrutement remet pour chacun des candidats rencontrés ou encore du test passé par vos collaborateurs pour valider leurs projets d'évolution en interne ...
Quoi qu'il en soit, voici 5 règles à respecter absolument pour analyser correctement les résultats des tests de personnalité et bien comprendre le mode de fonctionnement des personnes évaluées !

Un rapport d'évaluation ne se lit pas de manière linéaire

Ca c'est sans aucun doute l'erreur la plus fréquemment commise par les personnes qui analysent un rapport d'évaluation pour la toute première fois. Elles vont directement à la page qui comporte le graphique (en bâtons, en radar...) ou les scores et détaillent les résultats de la personne évaluée de haut en bas... tout en procédant à une interprétation linéaire de chaque trait.

-   En ascendance il a 8, ca veut dire que...

-   ...

-   Ensuite... en organisation il a 4, ca veut dire que...

Et ainsi de suite jusqu'à avoir épuisé l'ensemble des traits de personnalité.
Lire les résultats d'un test de personnalité de cette façon, c'est un peu considérer que chacun est la « somme » des traits qui constituent sa personnalité... alors qu'en réalité, nous en sommes plutôt le « produit » (au sens de multiplication) !

Donnez de la profondeur à votre interprétation : Croisez !

Si vous souhaitez saisir vraiment ce qui fait la richesse (et surtout la réalité !) du mode de fonctionnement d'une personne, vous devez à tout prix remettre les différents traits de sa personnalité en perspective les uns par rapport aux autres.
Après tout lorsque nous nous comportons au quotidien, nous n'avons pas un trait de personnalité qui entre en action, puis un autre, puis un nouveau, chacun à tour de rôle ! Tous nos traits sont en interaction continuelle les uns avec les autres pour donner lieu à notre comportement dans tout ce qu'il a de riche et de subtil.
Ainsi, ne vous contentez pas du fait que telle personne possède un score élevé en « Prend l'ascendant sur les autres » pour inférer qu'elle possède un fort leadership. Allez regardez le score qu'elle obtient sur « Consulte les autres avant de décider »... cela vous permettra de donner une coloration à son style de leadership : « participatif » si le score est élevé sur ce deuxième critère, « directif » voir « autoritaire » si ce score est proche de zéro !

Ayez en tête les croisements les plus pertinents !

Bien évidemment une fois que l'on sait qu'il faut réaliser des croisements, la question qui ne manque pas de tomber est la suivante : « OK pour faire des croisements, mais lesquels ? »
La bonne nouvelle, c'est que tous les tests sont plus ou moins conçus de la même manière et qu'en gros ils évaluent à peu près tous les mêmes traits. Du coup, cela facilite assez grandement les choses.
Voici donc 4 croisements que vous pourrez réaliser avec à peu près n'importe quel test de personnalité :

Pour évaluer le style de leadership et de management :

Croisez le critère qui se rapproche le plus de l'ascendance (dans le sens de capacité à prendre le dessus dans la relation, capacité à s'imposer) avec le critère qui permet le mieux d'apprécier le caractère participatif (au sens de capacité à impliquer les autres, à les solliciter avant de prendre des décisions). Le premier critère (ascendance) vous renseignera sur le versant plutôt quantitatif du leadership (aptitude à occuper le rôle de leader, à affirmer son autorité) alors que le second (caractère participatif) vous renseignera davantage sur le versant quantitatif du leadership (style participatif ou style directif).

Pour évaluer le style de travail :

Croisez le sens de l'organisation avec le critère permettant le mieux d'apprécier la capacité d'adaptation. Avoir une organisation forcenée sans avoir un minimum d'adaptation ne risque t-il pas de confiner à de la rigidité au travail ? De même qu'une adaptabilité à tout crin associée à une organisation proche de zéro peut dans bien des cas dénoter d'un caractère peut-être un peu brouillon sur les bords...

Pour évaluer la capacité d'investissement dans le travail :

Croisez le sens de l'excellence (capacité à se dépasser, à aller au delà du prescrit, à faire preuve d'initiative) avec la persévérance (ténacité). C'est bien d'être capable de faire plus, de délivrer plus, mais c'est encore mieux de parvenir à ne pas baisser les bras à la première difficulté. Ceux qui ont un fort sens de l'excellence et une faible persévérance sont généralement les personnes qui donnent tout... tant que cela leur plaît ! Dans ce cas précis, on parlera plutôt d'engagement « sélectif » en ce qui les concerne !

Pour évaluer le rapport au stress :

Croisez l'anxiété de fond (il peut s'agir d'un critère « détente » que vous interpréterez alors en sens inverse) avec la capacité à prendre des risques. L'anxiété pouvant être un puissant inhibiteur autant qu'un formidable moteur à l'action, il est par conséquent toujours utile de vérifier dans quelle mesure la personne apprécie le danger. La combinaison d'une anxiété de fond relativement élevée et d'une forte recherche du risque témoigne souvent d'un tempérament un peu « risky » qui marchera plus à l'adrénaline et au challenge qu'à la sécurité.
Bien évidemment il existe des tonnes d'autres croisements que vous pouvez réaliser entre tous les traits évalués par l'un ou l'autre des tests que vous pouvez être amené à rencontrer... mais disons que ces 4 là constituent une bonne base !

Les résultats d'un test permettent de poser des hypothèses

Un test n'est pas une boule de cristal ! Il ne trace pas la vérité, il montre le chemin. Par conséquent, il est souvent plus sage de prendre un peu de recul quand on analyse un profil.
Dites-vous que le test permet en quelque sorte de poser des hypothèses sur les comportements qu'une personne a de fortes probabilités de présenter au quotidien.
Charge à vous ensuite de valider ou d'invalider ces hypothèses lorsque vous rencontrerez le candidat à l'occasion de l'entretien de face à face !

Débriefez les résultats aussi souvent que possible !

La meilleure façon de valider les hypothèses qui émergent à la lecture d'un rapport d'évaluation de la personnalité d'un candidat, c'est encore de lui restituer ses résultats !
Là, pas question d'entamer l'exercice en lui soumettant votre interprétation et en l'accompagnant d'un « Alors, vous en pensez quoi ? » ou « Alors, vous vous reconnaissez ? »
L'enjeu du débriefing n'est pas de savoir si le candidat est « OK » avec les résultats du test mais bien plus de lui offrir la possibilité de fournir des exemples de comportements qui permettent d'illustrer la présence ou l'absence des traits mis en avant dans le test.
Exemple : Si un candidat obtient un score élevé en persévérance l'idée pour vous pendant le débriefing sera de savoir comment cette persévérance se traduit concrètement dans le job. Vous pourrez alors lui demander : « Donnez-moi un exemple concret de situation à l'occasion de laquelle votre persévérance vous a permis de faire une vraie différence ? ».

A propos de l'auteur :
Psychologue du travail et expert en psychométrie diplômé de l'université Paris V - René Descartes, David Bernard a cofondé AssessFirst pour rompre avec la tradition des outils « faits par des psys pour des psys ».
AssessFirst propose aux entreprises et aux cabinets de conseil des outils d'évaluation RH et des solutions « orientées résultats » à destination des professionnels RH et des managers opérationnels.
Son premier livre « Réussissez vos tests de recrutement » est publié aux éditions Micro Application et il rédige actuellement un second ouvrage sur les « best practices » en matière de recrutement et de management des talents.

dbernard@assessfirst.com
http://www.assessfirst.com




31/08/2008
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Pour ou contre un ordre des psychologues




           Le code de déontologie des psychologues n'a pas actuellement de valeur légale et la profession n'est pas assez rassemblée. En conséquence, ni une sanction judiciaire ni une sanction disciplinaire interne ne peut être prise contre un psychologue indélicat. De toute évidence, cette situation nuit à la réputation d'une profession qui n'a vraiment pas besoin de cela. Il faut donc trouver une solution à ce problème. De plus, et la question n'est pas de moindre importance, un psychologue est trop souvent amené à « choisir » entre garder son emploi et trahir sa déontologie, sans pouvoir opposer son code, sous peine de se faire rire au nez.

Ce que pense aujourd'hui un certain nombre d'acteurs politiques de la profession c'est que la solution à ces problèmes est toute trouvée : l'ordre.




Contre:

Quels sont en effet les « arguments » en faveur d'un ordre ? Sous réserve que le dossier du SNP en fasse apparaître de nouveaux, on en a vite fait le tour : 1. Un ordre fonctionne bien au Québec, 2. Il y a des ordres dans d'autres professions, 3. C'est la seule solution. Il est aisé de répondre : 1. Un ordre fonctionne mal en Italie, 2. Il n'existe pas d'ordre dans la majorité des professions et il n'y pas d'ordre des psychologues dans la majorité de pays, 3. Conséquence de ce qui précède, c'est la seule solution si et seulement si l'on décide qu'il n'y en a pas d'autre. Proclamer que c'est la seule solution n'est donc pas faire un constat mais faire un choix. Ce dernier point est évidemment crucial : les partisans de l'ordre sont contraints de nous vendre l'idée qu'il n'y a pas de choix.




Pour:

L'actualité menaçante et préjudiciable à l'encontre de notre profession et, par voie de conséquence, à l'encontre du public fragilisé en souffrance psychique, appelle tous les psychologues et les étudiants en psychologie à une mobilisation massive et urgente. Elle se résume en cinq grands axes interdépendants :
  • L'EXPLOSION DE LA MARCHANDISATION DU PSYCHISME qui constitue un nouveau commerce en santé mentale

  • LE COMMERCE DES FORMATIONS CREUSES et des pratiques abusives qui s'inspirent de la psychologie

  • L'EXPOSITION INQUIÉTANTE DU PUBLIC à la multiplication des pratiques relatives au psychisme, charlatanesques, superficielles, non maîtrisées, dangereuses et sectaires

  • LE RISQUE DE DÉMANTéLEMENT DU TITRE DE PSYCHOLOGUE orchestré par certains professeurs d'université qui ne le protègent pas

  • LE RISQUE QUE NOTRE PROFESSION NE SOIT PAS MAINTENUE DANS SES DROITS : loi du 9 août 2004 qui réglemente le titre de psychothérapeute



Divers:


 - Site: Ordre des psychologues du Québec

  - Confirmation en appel de la sanction à l'encontre de Francis REMARK

COMMUNIQUE APRES LA CONFIRMATION DE LA SANCTION DU BLAME PAR LA CHAMBRE DISCIPLINAIRE NATIONALE DE L'ORDRE DES MEDECINS

Dr. Francis REMARK – 15 juillet 2008





23/08/2008
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