Le boom du développement personnel
[ 01/04/08 Les Echos ]
Gérer son temps, gérer son stress, développer son leadership : les formations en développement personnel et en efficacité professionnelle sont de plus en plus demandées par les salariés. Mais pour quelle efficacité ?
« Les employeurs payent pour se déculpabiliser. Les salariés, eux, ont trois jours de répit pour reprendre des forces. Finalement, tout le monde y trouve son compte. De là à parler de démarche gagnant-gagnant... » Ce psychiatre n'est pas tendre à l'égard des formations en développement personnel : parmi ses patients, le nombre de salariés stressés, surmenés, dépassés ne cesse de croître. « Je doute que cette solution soit à la hauteur de l'enjeu. »
Les professionnels de la formation considèrent pourtant qu'ils ne jouent pas dans la même catégorie : « Nous avons une approche purement professionnelle de ces activités, explique Blandine Legrand, directrice du département management et RH de Demos. Pas question de se prendre pour des psys d'entreprise. » « Nos formateurs doivent savoir ne pas jouer au docteur, ajoute Alain Duluc, responsable du pôle développement personnel à
La montée en puissance du DIF (le droit individuel à la formation) n'est sans doute pas étrangère à ce phénomène. Demos vient de publier une double enquête (1) sur ce thème. Quand on interroge les employeurs sur les domaines de formation les plus demandés par les salariés au titre du DIF, ils classent le développement personnel (22,7 %) au deuxième rang, derrière les langues (45,8 %). Si l'on pose la même question aux salariés, ils classent le développement personnel et l'efficacité professionnelle au premier rang (37,5 %), loin devant le management (17,4 %) et la bureautique (11,8 %).
Un investissement important
Mais seulement 37,1 % des entreprises laissent toute latitude à leurs salariés dans le choix des formations qu'ils souhaitent suivre. Les autres ont établi des priorités (35,7 %) ou ont repris les priorités de leur accord de branche (27,1 %). Pour encadrer les demandes de leurs salariés, 18,8 % des entreprises ont même créé un catalogue de formations éligibles au DIF... « dans lequel elles référencent presque toujours des modules de développement personnel, sourit Alain Duluc. En sondant leurs salariés, elles se rendent vite compte que ces formations répondent à une véritable demande. Et leur investissement me semble beaucoup trop important pour ne servir qu'à faire plaisir aux salariés ».
Logique de responsabilisation
Directrice de la formation de Gan Eurocourtage (1.100 salariés), Cécile Papin reconnaît pourtant que « l'évaluation de ces formations reste difficile ». La filiale de Groupama a toutefois pris le parti d'affecter toutes les dépenses liées aux formations en développement personnel et en efficacité professionnelle au plan de formation de l'entreprise. « Certains employeurs obligent leurs salariés à prendre ces modules sur leur DIF, afin de les placer dans une logique de co-investissement, donc de responsabilisation », commente Blandine Legrand. Cécile Papin a choisi de faire confiance aux managers : « Dès lors qu'ils valident les demandes de formation de leurs salariés, je ne m'y oppose pas. Cela fait partie de leur responsabilité. » Elle a également décidé de porter un regard positif sur leur contenu : « Ces formations donnent aux salariés le temps d'échanger, de se projeter et de s'interroger sur leurs pratiques. Ce qui, en définitive, n'est jamais inutile. »
SABINE GERMAIN
(1) Enquête Demos-« 20 minutes »-Kelformation, menée auprèsde 365 salariés, et enquête Demos-AEF, menée auprèsde 100 DRH.
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