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Formation et Psychanalyse

Tribune
publié le 13/11/2008
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Que diable la psychanalyse allait-elle faire en formation ? Par Stéphane Diebold


Que diable la psychanalyse allait-elle faire en formation ? Par Stéphane Diebold

La psychanalyse est une discipline fondée par Sigmund Freud qui propose une méthode d'investigation de l'inconscient avec des concepts comme le transfert, la pulsion, l'affect, les représentations... Comment relier cette connaissance à la formation ? Si la psychanalyse aborde l'affect, on peut remarquer qu'Edgard Morin appelle de ses vœux la constitution d'une « formation affective ». S'agit-il d'un simple effet de style ou de réintroduire l'homme avec toutes ses dimensions dans la démarche formative ? Dans le second cas, la psychanalyse a toute sa place pour peu que l'on s'y intéresse de plus prêt.

Le premier apport de la psychanalyse est, qu'avec l'inconscient, une formation n'est pas qu'une formation, il existe bien d'autres dimensions. Sans être trop réducteur, on peut présenter ce que la psychanalyse peut apporter en reprenant les étapes de la constitution de la psyché humaine.

La dimension corporelle de l'homme, sa corporéité, interroge la formation sur la compréhension du monde qui entoure l'apprenant. Comme on pense le monde on le vit. Cette dimension touche des domaines comme l'autonomie du sujet par rapport à son environnement mais aussi sa curiosité à comprendre le monde au sens étymologique. La formation est une façon de mettre en forme son environnement soit avec un ordre établit, le monde est ainsi fait, soit avec un ordre dont on découvre qu'il n'est qu'un point de vue. La formation devient alors le passage du point de vue à la vue du point. La formation affective devient un outil pour déjouer les pièges hypnotiques de l'entreprise. Comment ? Par exemple une association comme « art in fine » permet aux apprenants de construire un film sur eux-mêmes en comprenant que finalement le film a ses raisons propre avec le choix des prises de vue, du cadrage, du mouvement, de la musique,... Le travail sur la médiatisation nous fait comprendre la différence entre le contenu et le contenant et ainsi construire une capacité d'abstraction propre à chaque individu.

La dimension narcissique interroge la formation sur la vision ou la personnalité de l'apprenant avec par exemple le fameux test du miroir. L'autohypnose peut permettre à certains apprenants de se draper d'une identité narcissique particulière comme l'expert, le leader, le patron... Le travail peut permettre à l'apprenant d'enfiler un des uniformes de l'entreprise mais cela peut aller beaucoup plus loin, et devenir une démarche qui permette à l'individu d'accepter ses propres failles, de les accueillir et de se construire une identité qui lui ressemble. Dans le cas de notre association qui travaille sur l'insertion, la dimension narcissique permet aux apprenants de s'interroger sur la cohérence entre la vision que l'on propose et celle que l'entreprise attend, et ainsi, d'ouvrir la porte aux interrogations narcissiques. La formation peut devenir un outil de développement personnel.

La dimension groupale interroge la formation sur la relation au collectif, vivre ensemble. Si l'on reprend la démarche de Sigmund Freud, l'émotion est rattachée au désir sexuel et que trop d'émotion développe une excitation qui déstabilise le sujet. Ce dérangement conduit le sujet à chercher de nouveaux repaires, et, soit la formation construit un mode d'emploi, soit l'individu se retourne naturellement vers le groupe avec les mécanismes du groupe comme par exemple la reconnaissance des leaderships traditionnels, la ligne hiérarchique. Le spectacle formatif réussi peut utiliser l'affecte pour construire la cohérence d'équipe. Dans notre exemple, l'excitation de faire son cinéma, ouvre des portes aux besoins du collectif.

La psychanalyse est particulièrement intéressante pour traiter la dimension affective de la formation et sortir de la fameuse boîte noire de l'apprenant. Elle peut permettre à chacun d'apprendre dans sa propre histoire. La formation deviendrait alors un lieu d'expériences qui nous construit, elle deviendrait donc initiatique pour que l'individu apprenne à vivre en harmonie entre son identité et les impératifs de son environnement. Finalement la psychanalyse formative ne serait elle pas le maillon manquant pour construire ce que certains appellent l'entreprise apprenante, l'apprendre ensemble ?

A propos de l'auteur :
Stéphane Diebold
est un spécialiste de la formation et du management, avec 15 ans d'expériences dans la direction de la formation initiale (écoles supérieures de commerce) et la formation continue (Midas France, Groupe Galerie Lafayette). Il a mis son expérience au service de l'innovation pédagogique et de la performance en entreprise, en France et à l'étranger, au sein de l'Institut Avicenne dont il est le fondateur.



14/11/2008
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